Les dames de compagnie


Des dames de compagnie.

 

Elle vient de se lever, les lampadaires de la rue sont déjà éclairés.

Elle travaille de nuit, il va être temps pour elle de se préparer.

Dans un verre, il reste un fond de whisky, elle allume la dernière cigarette et jette son paquet dans l’évier rempli de vaisselle.

Elle soulève la  jalousie, il pleut, les voitures roulent au ralenti, tandis que les passant courent se réfugier dans la bouche du métro.

C’est là, qu’elle commence son boulot.

Elle ouvre sa penderie, sa main fait glisser les uns après les autres les vêtements suspendus sur des cintres, elle hésite et finit par sortir une robe en similicuir noir.

Elle enfile une paire de bas nylon dont les pointes sont trouées, avec des cuissardes en skaï verni, la filante qui venait de lui remonter jusqu’au-dessus du genou droit ne se verrait pas.

Un peu de blush, un trait d’eye-liner sur le dessus de ses paupières devenues lourdes, du mascara pour épaissir ses cils qui se raréfient, un épais rouge sur ses lèvres amincies, quelques gouttes d’un parfum bon marché et la voilà prête à passer sa perruque en cheveux naturels blonds, frisés et mi- longs.

Elle se regarde une dernière fois dans la glace, passe une veste en fourrure synthétique imitant le léopard, et quitte son deux pièces.

Deux femmes l’attendent  sous l’auvent d’une librairie, devant l’entrée qui mène à la gare de métro.

Elles se connaissent depuis une trentaine d’années, elles avaient arpenté tous les trottoirs de la ville, puis elles s’étaient retrouvées derrière des vitrines.

Elles se sont mariées à une époque de leur vie, ont eu des enfants, et puis un jour, tout a basculé, et elles ont repris leur premier métier.

Maintenant, elles sont serveuses dans des bars en dehors de la ville, le long d’une nationale.

Une voiture vient les chercher, les conduit sur leur lieu de travail et passe les reprendre en début de matinée.

Elles ne vendent plus leur corps, il a déjà tant donné, mais elles restent des femmes de la nuit qui prennent encore le temps d’écouter ceux qui cherchent de la compagnie.

 

M.H. (Michèle Hardenne)

31/01/2013

A propos michelehardenne

Je suis une rêveuse, passionnée d'écriture. Je cultive un jardin où les graines de ma folie et de mes lubies prennent racines pour le plaisir de vous offrir mes mots en un bouquet de proses et de poésies.
Cet article a été publié dans MOMENT DE VIE. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

7 commentaires pour Les dames de compagnie

  1. D'esprit et de Coeur * Stephane * dit :

    Bonjour Michèle !!!
    Tranches de vie…même si la criminalité et la soumission qu’il y à derrière, rendent la chose moins belle. Le plus vieux métier reste néanmoins des relations humaines où la parole à son mot à dire…
    Bonne journée, Stéphane ^^

    ***
    Bonjour Stéphane,

    A toute offre, il y a une demande ! C’est une des règles du « business ».
    Il n’y a pas si longtemps que ce secteur d’activité est reconnu au niveau de la protection sociale et donne des droits à la personne qui travaille sous statut, déclarée.
    Mais beaucoup font se métier dans la clandestinité et ne pourrons jamais bénéficier d’une aide à la retraite

    Belle journée à toi, aussi !

    ***

  2. FANETTE dit :

    Bonjour Michèle
    Ces nanas ont un coeur d’or bien souvent, et puis il ne faut pas les blâmer, elles ont bien souvent eu des vies bien perturbées
    La force de caractère n’est pas donné à tout le monde et certains évènements de la vie font que le basculement est très vite arrivé
    bonne journée
    bisous

    ***
    Bonjour Fanette,
    Très peu de prostituées ont choisi de faire ce métier par choix !
    C’est un univers de violence où les droits en tant qu’être humain sont bafoués, surtout quand elles sont dans des réseaux clandestins organisés par des criminels.
    Chez nous, les « filles » qui travaillent dans des bars, le racolage sur la voie publique étant interdit, doivent être déclarées et bénéficient d’un droit au travail et d’un minimum de protection sociale.
    Certaines ne quittent jamais ce métier, même si elles ont la liberté de le faire !

    Gros bisous et bonne journée.

    ***

  3. Elibéran dit :

    Bonjour
    Elles ont du courage!vraiment ! c’est toujours ce que je pense en les voyant .Il faut vraiment tomber très bas pour en arriver là .(pour s’en sortir pour la plupart)
    Il n’y a pas de sot métier dit-on !je ne dirai pas la même chose …
    C’est mon avis Michèle !
    Bonne journée

    ***
    Bonjour Héléanne,

    Mon dernier livre de chevet : « La dérobade, de Jeanne Cordelier ».
    Il se trouvait sur les étals de la librairie, où la littérature érotique depuis le phénomène « 50 nuances de Grey »se trouve dès l’entrée de la boutique, et est suivie par « moi, Christiane F… » et tous les écrits qui ont pour thème la prostitution.
    « La dérobade » vient d’être republié après sa sortie il y a plus de trente ans. Un livre dont on ne sort pas indemne et qui apporte un regard sur ce monde de la nuit, qui n’est pas aussi festif que l’on pourrait le croire !
    « Le plus vieux métier du monde », reste pour beaucoup de femmes qui le pratiquent, leur dernier métier. Si elles ne vendent plus leur corps, elles n’en restent pas libres !

    Bonne journée.

    ***

  4. ALAIN dit :

    Elles ont eu la chance de pouvoir se reconvertir en serveuses de bar, car je pense que ce milieu leur manquait !!!
    ARSENE GRISALI
    ***
    Bonjour Alain,

    Une prostituée qui a des années de métiers ne connait que ce milieu, et comme pour une personne sortant de prison, il est difficile pour elle de se réinsérer dans une vie « normale », sans être cataloguée.
    Notre société nous met des étiquettes dont il est difficile de se débarrasser !

    Bises et à bientôt.

    ***

  5. fred dit :

    Il en faut du courage et du mérite pour travailler ainsi toute une nuit à écouter jusqu’à plus soif les coeurs solitaires.

    ***
    Bonsoir Fred,

    Elles les font surtout parler et prenant soin que leur soif ne soit pas étanchée et que le tiroir caisse reste comme le coeur de ses solitaires… grand ouvert !

    A bientôt.

    ***

  6. Elibéran dit :

    Bonsoir
    Tu as raison je me souviens du film « la Dérobade » (avec Miou Miou je crois )comme si c’était hier certainenemt tiré du livre.Le film m’avait fortement choqué ,dû à ma jeunesse sûrement.Je ne sais pas trop en quelle année !
    Les 50 nuances de Grey ,j’ai lu bien sûr mais j’ai arrêté .Il ne laisse pas non plus insensible.
    C’est vrai que le monde de la prostitution semble très dur pour ces femmes .
    Bonne soirée

    ***
    Je suis à la moitié du livre et je n’ai jamais vu le film, qui en effet, après avoir fait la recherche sur Google, est tiré de ce roman.
    Maintenant que je suis une grande fille, je vais le télécharger, sur un site en toute légalité, bien sûr !
    Le monde de la prostitution reste celui de la domination masculine, avec toute les manipulations et la violence qu’il engendre.

    Bonne soirée et merci du partage.
    Bises et à bientôt.

    ***

  7. oholibama dit :

    bonsoir
    femmes de la nuit
    femmes qui emmènent leurs soucis
    un sourire même fané à notre époque
    fait bien oublier l’enfer des bas quartiers.
    des femmes comme elles comme ont dit, mais bien souvent ces femmes là, ont permis à des hommes froids , cruels d’assouvir des besoins que l’on dit charnel et ces besoins là, si ces femmes là, n’avaient pas été là, qui les auraient subis?

    ***
    Bonsoir Yvette,

    Tout à fait et bien dit ! S’il n’y avait pas ces femmes qui se vendent pour répondre à des besoins sexuels d’hommes qui ne savent les assouvir auprès d’une femme « légitime » ou une compagne, il y aurait sans doute davantage de viols.
    Elles ne sont pas respectées et pourtant, elles jouent un rôle dans notre société.
    Merci de ton commentaire et de ta visite.

    A bientôt,

    Bises 🙂
    ***

Laisser un commentaire